Rester focus au travail quand on est parents
Devenir parent, c’est souvent le plus grand bouleversement d’une vie. Entre vie professionnelle, vie de couple et responsabilités familiales, la charge mentale s’invite dans le quotidien de nombreux parents. Dans ce nouvel épisode du podcast En parler pour aller mieux de We talk, nous abordons la parentalité et la charge mentale : entre vie professionnelle, vie de couple et responsabilités familiales, comment trouver un équilibre au quotidien ? Bénédicte de Dinechin, thérapeute conjugale et familiale, apporte son éclairage sur les défis des parents, tandis qu’Antoine Le Guilloux, en couple et père de deux enfants, partage son témoignage de papa.
Quand la parentalité bouscule tout
Les débuts de la parentalité sont souvent marqués par un mélange d’amour et d’épuisement.
Bénédicte de Dinechin le constate dans son cabinet : « Est-ce que mon conjoint est capable de faire sans moi ? Ou est-ce qu’il fait ce que je lui ai dit ? Ou est-ce qu’il ne ferait jamais quelque chose si je ne lui avais pas dit de le faire »
Le passage du couple à la famille redistribue les rôles. Les journées deviennent des courses contre la montre où l’on jongle entre réunions, devoirs, repas et câlins volés. Ce déséquilibre, souvent invisible, nourrit une fatigue émotionnelle profonde.
La charge mentale, un sujet encore tabou
Si le concept est désormais connu, la charge mentale reste difficile à identifier et à partager.
Elle se loge dans les détails : penser à tout, tout le temps, pour tout le monde. Et cette vigilance permanente touche encore majoritairement les femmes.
« Le problème, explique Bénédicte, on parle de pas mal de termes depuis quelques années, de la charge mentale des femmes qui vont penser un peu à tout, qui vont tout anticiper, les fournitures scolaires, les doudous perdus… »
Pourtant, parler de cette surcharge est essentiel. Car mettre des mots dessus, c’est déjà commencer à la déléguer, à la partager, à la comprendre.
Quand le travail s’invite dans la vie de famille
Le travail occupe une place centrale dans le déséquilibre des parents d’aujourd’hui. Les injonctions à la performance, à la disponibilité permanente et au « faire toujours plus » rendent la frontière entre vie pro et vie perso de plus en plus poreuse.
Bénédicte souligne : « Une grande difficulté liée au monde du travail, c’est de concilier vie perso et vie pro. Après, dans vie perso, chacun a des attentes différentes et des choses plus difficiles à concilier. Mais effectivement, pour la majorité des personnes que je reçois et qui se sentent tiraillées, c’est comment être parent tout en étant heureux au travail ou même en osant dire je veux continuer à avoir une carrière professionnelle et des succès. »
Certaines entreprises commencent heureusement à ouvrir la discussion : congés parentaux mieux adaptés, horaires flexibles, droit à la déconnexion… Des avancées encore fragiles, mais nécessaires pour redonner une place à l’humain.
Le couple à l’épreuve
La charge mentale ne pèse pas que sur les épaules : elle pèse aussi sur le lien amoureux. Les tensions, les reproches implicites, le manque de temps partagent le même fondement : une répartition déséquilibrée des efforts.
Réapprendre à se parler, à reconnaître les émotions de l’autre, à demander de l’aide sans honte : autant d’étapes essentielles pour reconstruire un équilibre.
Le mot du papa
Antoine Le Guilloux, père de deux enfants, partage un regard sincère et lucide : « Moi, je me suis rendu compte que la chose la plus importante dans le couple, c’était vraiment de donner de la visibilité et de verbaliser. Plus je verbalisais en disant ce que j’allais faire, ce à quoi je pensais, moins ça créait de tensions. Si je me fais mon plan dans ma tête, mais je ne préviens pas l’autre, ça met l’autre aussi en tension sur les choses qu’il y a à faire, même si c’est des choses toutes bêtes du quotidien. Et je trouve qu’en tant qu’homme, en tout cas c’est aussi en organisant des cercles d’hommes que je me suis rendu compte de ça. C’est qu’on n’a pas eu de modèle là encore, de père qui s’exprimait beaucoup. »
Et quand le couple se sépare ?
Quand la séparation devient inévitable, elle soulève souvent une avalanche de questions : que dire aux enfants, comment préserver leur équilibre, comment continuer à se parler en tant que parents ?
Bénédicte accompagne régulièrement des familles dans ces moments-là. Elle rappelle qu’il n’existe pas de « bonne » façon d’annoncer une séparation.
« On peut donner aux enfants suffisamment d’informations pour pas qu’ils aillent s’imaginer des choses, mais pas trop parce qu’ils ont besoin d’être protégés. »
Un soutien extérieur peut aussi permettre de désamorcer la culpabilité et de rétablir un dialogue plus serein. Car même si le couple conjugal s’arrête, le lien parental, lui, reste à construire autrement avec respect.
En parler pour aller mieux
Aborder la parentalité et la charge mentale, c’est ouvrir la porte à plus d’écoute et moins de jugement. C’est reconnaître qu’on ne peut pas tout gérer seul, et que demander de l’aide est une force, pas une faiblesse.
Cet épisode du podcast En parler pour aller mieux de We talk nous rappelle que le bien-être parental passe par la parole, la compréhension et le partage.
🎧 Écoutez l’épisode complet ici :



